samedi 14 février 2015

Jouissance cérébrale et intellectuelle

Sans doute quelques journées, pas forcément ensoleillées, sur le belles pentes neigeuses d'une jolie station savoyarde, ont-elles contribué à aérer, décongestionner mes neurones et autres liaisons synaptiques !

Le fait est que depuis mon retour vers la capitale, j'ai vécu de bons, riches et intenses moments.
Il y eut d'abord cette conférence du CNAM à Paris, que j'avais loupée, mais que je ne voulais à aucun prix manquer et que j'ai pu voir en vidéo sur le site de cette vénérable institution. Je n'en connaissais pas l'intervenant, mais le sujet qu'il abordait, les univers multiples ou multivers, me passionnait depuis longtemps. Très à l'aise dans la façon de s'exprimer, Aurélien Barrau, jeune quadragénaire au cheveux longs, est professeur à l'université Joseph Fourrier de Grenoble et chercheur au Laboratoire de physique subatomique et de cosmologie au CNRS. J'eus rapidement la grande satisfaction de constater que vingt années de lectures, conférences, cours au Collège de France sur ces deux piliers de la physique contemporaine que sont la cosmologie et la physique quantique, avaient porté leurs fruits et que je n'étais pas si perdu que cela dans ces domaines malgré tout assez complexes. La verve et l'élocution brillante d'Aurélien Barrau, largement partagées par l'auditoire, eurent quelques points forts qui me comblèrent à l'image de deux suivants que je vais évoquer brièvement.

D'abord, il nous est impossible de voir notre Univers au-delà d'une certaine distance, cette limite étant de nature physique et non pas technique. Intervient là la notion d'horizon cosmologique. De la même manière que l'on regarde l'horizon sur une plage, il nous est possible de voir plus loin si l'on se hisse sur le mat d'un bateau, ou si l'on monte au sommet d'une montagne qui borderait cette mer. Mais on aura beau monter encore plus haut, il y aura un moment où, quoi que l'on fasse, on ne pourra voir au-delà de la courbure de la terre. Comme le conférencier le faisait judicieusement remarquer, même avec la meilleure longue vue, et si haut soit-on sur la côte atlantique, on ne verra jamais le Cap Horn ! Le raisonnement est identique pour l'horizon cosmologique et la distance la plus éloignée que nos plus puissants télescopes permettent de "voir" est de dix milliards d'année-lumière (faites le calcul en prenant la vitesse de la lumière en kilomètres par seconde, ça fait beaucoup !) Comme l'écrit l'auteur dans son livre "Des univers multiples" publié chez Dunod en 2014, "L'Univers est extraordinairement grand ! Il est absolument gigantesque (...) Il est donc vraisemblablement beaucoup, beaucoup plus grand que ce qui est observable. Mais est-il infini pour autant ? Ce n'est pas acquis..."

Changeons d'échelle et intéressons-nous brièvement à la notion du fameux Big Bang. Que de fois n'ai-je pas été interpellé sous la forme de cette question : "Mais qu'y avait-il avant le Big Bang ?" Presque -trop même- naïvement, je répondais que cette question n'avait aucun sens, laissant mon interlocuteur sur sa faim, me demandant même s'il ne doutait pas des connaissances que j'avais acquisses depuis des années ! Mais lorsque Aurélien Barrau évoqua devant l'assistance cette même interrogation, sa réponse fut identique. Mieux, il en donna une image que je suis heureux de reproduire ici même et qui devrait clore ce stérile débat. Imaginez, disait-il, un explorateur qui arrive au pôle Nord et à qui l'on pose la question : "Mais qu'y a-t-il au nord du pôle Nord ?" Cette question vous en conviendrez, n'a aucun sens et est du même ordre que celle concernant l'avant du Big Bang.

Autre moment fort de la semaine, le cours de Stanislas Dehaene, titulaire de la chaire de psychologie expérimentale au Collège de France et dont je suis les cours avec passion depuis plusieurs années. Le thème du cours de cette année est Fondements cognitifs des apprentissages scolaires. En tant que père et grand-père, j'ai déjà recommandé à mes filles déjà mamans de regarder tout ou partie des premiers cours, tant les capacités intellectuelles (langage comme calcul) de nos jeunes bambins sont extraordinaires !
Mais celui de cette semaine traitait d'un sujet qui m'est cher, et depuis très longtemps, le sommeil ! Pour parler de façon familière, je "buvais du petit lait" ! Cela fait en effet plus de quarante ans que je mets à profit le sommeil pour retenir, mémoriser de façon durable (attention, je ne dis pas apprendre), des faits ou des choses acquises durant la journée, à commencer par les nombreuses langues étrangères grâce à l'excellente méthode Assimil. Plus récemment, avant de m'endormir, je me suis mis à balayer rapidement les notions, informations, mots peu usuels, etc. acquis au cours de la journée. Ceux-ci se retrouvaient dès le lendemain fixés définitivement dans mon cerveau et je pouvais les "rappeler" à tout moment. Terminons par cette récente constatation. Il n'est pas rare désormais que lors de mon endormissement, puis au cours du sommeil proprement dit, je me mette à composer, rédiger mentalement, avec toute la syntaxe et le vocabulaire, les phrases qui viendront ensuite remplir les pages de mes livres de voyage. Combien de fois n'ai-je pas été surpris, subjugué même, par le fait qu'il suffisait que je me mette durant la journée face à l'écran de mon petit pc, pour voir mes doigts frapper les touches du clavier et le texte se former, s'écrire là, devant mes yeux ébahis.

Pour terminer, mes journées étant également pas mal consacrées à la lecture, cette semaine me révéla deux choses, sans doute un pur concours de circonstances. J'ai débuté en effet un  nouvel ouvrage d'Aristote, intitulé Traité du ciel. Il est du plus étonnant de voir, comme je l'ai déjà écrit dans un précédent billet, combien la pensée de cet homme était en avance sur son temps, et combien la lecture en parallèle des deux livres, celui d'Aristote et celui d'Aurélien Barrau, est troublante.
L'autre ouvrage est la suite du premier, (re)lu avec toujours autant de passion et de bonheur qu'il y a cinquante ans. Marcel Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleurs. Je ne résiste donc pas, pour terminer ce long billet, de reproduire ces quelques lignes absolument magnifiques, trouvant une fois de plus que l'on peut s'intéresser à plusieurs domaines pourtant très variés, de concert, ce qui est une des formidables capacités de notre cerveau d'Homo sapiens sapiens !

(L'auteur, chez les Swann, attendant dans un petit salon pourvu d'une cheminée, l'arrivée de ses hôtes)
"...et recevaient frileusement la chaleur d'un feu incandescent de charbon, précieusement posé derrière une vitrine de cristal, dans une cuve de marbre blanc où il faisait écrouler de temps à autre ses dangereux rubis."

vendredi 6 février 2015

Un mois déjà !

Et même un peu plus ! 

Un blog doit être alimenté et je conviens que le mien ne l'a pas été pendant une longue période.
Hormis les événements tragiques de début janvier, peu propices à s'exprimer, tant d'autres l'ayant abondamment fait, et au sujet desquels je ne saurai convenablement m'exprimer, deux faits majeurs, du moins pour moi, ont ralenti le rythme de production de mes billets, à savoir deux livres.

Le récit de voyage que j'avais écrit suite ma découverte du Turkménistan en avril 2014 a enfin vu le jour et le moins que l'on puisse dire est que sa couverture en a surpris plus d'un ! Mieux, les libraires parisiens qui acceptent de prendre mes livres en dépôt sont restés souvent sans voix face à la surprenante photo pleine page d' Etrange et déconcertant Turkménistan. Davantage lorsque je leur en donnais l'explication.
Le second livre est celui que je suis en train d'écrire et qui relate cet autre voyage, non moins extraordinaire, partagé avec quelques amis à qui j'avais proposé de découvrir, du nord au sud, le Chili, avec une extension pour ceux qui le désiraient vers Rapa Nui, plus connu sous le nom de l'Île de Pâques. Trois semaines incluant le désert aride d'Atacama, la région des lacs et l'île de Chiloé, la plus que troublante Patagonie, à laquelle je ne cesse, aujourd'hui encore, de rêver. Enfin, Santiago et surtout Valparaiso, avec un souvenir ému pour la Isla Negra, la dernière demeure de Pablo Neruda.

Voilà pourquoi le temps me manque ! Cette rédaction m'exalte, comme toujours, et les phrases ne cessent de se construire dans mon esprit, de jour comme de nuit, avant qu'elles ne viennent se matérialiser sur le petit écran de mon ordinateur. Je viens à peine de terminer le long chapitre sur San Pedro de Atacama, c'est dire. Il me reste encore beaucoup de chemin avant d'atteindre les rivages de l'île aux moais... 
Mais j'espère que d'ici là, j'aurais eu le plaisir de revenir ici même pour un nouveau billet dont le thème m'est pour l'heure totalement inconnu.
Mais, comme l'écrivait jadis André Maurois (qui en fit également le titre d'un recueil de nouvelles), Toujours l'inattendu arrive