Le Temps retrouvé, sans doute le plus beau livre
de À la Recherche du temps perdu de
Proust. Livre qui se mérite, puisqu’il convient de lire auparavant tous les
ouvrages précédents de l’auteur, pour qui le souvenir est le mot clé de toute
son œuvre. Relu, pour une partie, près de cinquante ans après une première et ô
combien heureuse découverte, il m’a fallu, sans me presser, seize mois pour
parvenir, non sans quelque tristesse, à terminer cette captivante lecture. Au
point même de reculer jour après jour l’issue fatale, que j’avais du mal à
accepter, tant je me sentais bien au milieu de ces lignes, de ces phrases
colorées, imagées, vibrantes, dont la musique mélodieuse charmait mes oreilles.
Ce fut un bonheur durable, une sorte de bien-être que de vivre de concert, de
partager avec l’écrivain exubérant cette inépuisable moisson de souvenirs. Tout
comme ses descriptions d’une époque à jamais révolue. Comme l’écrit justement
Pierre-Louis Rey dans la préface de ce dernier volume (Folio classique) :
« le héros ne vit plus dans le
temps, le temps vit en lui. »
Je
ne reviendrai pas sur cette magie du souvenir que j’ai en partie évoquée dans
de précédents billets. Ce qui m’a en outre interpellé dans ce dernier tome, ce
fut de découvrir les interrogations du jeune Proust sur la passion qu’il
sentait couver en lui pour l’écriture. Tout comme ses doutes. « Le seul livre vrai, un grand écrivain n’a
pas, dans le sens courant, à l’inventer puisqu’il existe déjà en chacun de
nous, mais à le traduire. Les devoirs et la tâche d’un écrivain sont ceux d’un
traducteur. » (…) « Le
style pour l’écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une
question non de technique mais de vision. »
À
relire ces phrases pour les partager avec vous, lecteurs anonymes, je ne
réalise que trop la dimension exceptionnelle de ce génie de l’écriture, et
combien il m’a envoûté, et continuera de me fasciner, de m’enchanter des années
encore.
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