mardi 29 novembre 2016

Henri Cettour 1917-2016

Mon oncle Henri vient de nous quitter en ce 28 novembre 2016.

Une fois la tristesse, l’émotion passée, comment ne pas rendre hommage à cet homme si riche qui laisse derrière lui un grand vide ? Mais aussi avec un sourire, car il y aurait tenu, une coupe de Champagne à la main ! Nous lui devons tant de souvenirs.

C’était le mari de la sœur de mon père.
Toute sa vie ne fut consacrée qu’à la mise en valeur de l’autre, car jamais il ne voulut apparaître en première ligne. Pourtant…

Tout jeune, il aida sa mère, restauratrice à Évian, que son mari venait d’abandonner, l’épaulant alors que son frère allait bientôt disparaître, vaincu par la maladie. Pour ce faire, ses mollets de futur sportif lui permettaient, avec aisance, de porter, en vélo, les plis urgents ainsi que les télégrammes destinés aux résidents huppés de l’Hôtel Royal qui dominait le lac.
En 1938 (je vous laisse calculer son âge !), il courait le 100 mètres en 11 secondes ! Quand je l’interrogeai, il y a dix années de cela, dans un restaurant de Chamonix qu’il aimait particulièrement, sur la façon dont il avait réussi cet exploit, avec le matériel de l’époque, il me répondit tout naturellement : « les starting-blocks n’existaient pas ; on avait chacun une petite pelle qui nous permettait de creuser un appui pour chaque pied au niveau de la ligne de départ. Et la piste était à base de cendre et de scories… » !

Il fut longtemps inspecteur au Ministère de la Jeunesse et des Sports, où il fit d’ailleurs la connaissance d’un ami qui resta à ses côtés sa vie durant, Raymond Joly, centenaire depuis juin dernier, et qui doit se sentir bien seul aujourd’hui…

Il écrivit et publia aux Éditions Le Moniteur, en 1991, une véritable bible qui est encore une référence à ce jour, « Stades et terrains de sport ».
Avec une de ses autres bonnes relations également, l’architecte Roger Taillibert, il apporta ses conseils sportifs et techniques dans le cadre, notamment, du complexe olympique de Montréal puis dans le complexe sportif et culturel de Chamonix qui abrita et abrite encore l’ENSA, l’École Nationale de Ski et d’Alpinisme… dont il fut le directeur plusieurs années.

C’est dans cette ville mondialement connue, une des rares au monde, la seule me disait-il souvent, qui soit aussi près d’un sommet mythique, le Mont Blanc, et que l’on peut rejoindre sans difficulté par la route ou le train, qu’il s’établit définitivement.

C’est là, dans l’ancienne ENSA, devenue ensuite centre Jean Franco, puis maison de retraite, qu’il vient de nous quitter, au pied de ce massif sublime qu’il aimait contempler chaque jour…


À toi, mon oncle Henri.

jeudi 24 novembre 2016

Juste une question de distances !


18692 kilomètres, c’est la distance qui sépare la petite ville de Longyearbyen (Spitzberg, archipel du Svalbard) du pôle sud.

Deux mille kilomètres, c’est environ la distance entre, par exemple, Paris et Marrakech, Athènes, Kiev ou Saint-Pétersbourg.

Mais deux cents kilomètres, plus ou moins, c’est aussi la distance que j’ai parcourue à chaque fois, au cours de ces derniers mois, partant de Paris pour gagner trois villes ou régions qui m’ont laissé des souvenirs au moins aussi prégnants que ceux de mes lointains voyages !
Il ne suffit pas forcément de faire de grands trajets pour être conquis par des paysages ou des villes dignes d’admiration et en être émerveillé.

Lille, où je vécus une dizaine d’année jadis, poursuivant mes études et démarrant ma vie professionnelle, me conquit une nouvelle fois. Comme elle mérite bien son nom de « Capitale des Flandres » ! Tout y est si beau, si flamboyant dans ses vieux quartiers superbement rénovés. Flâner au gré de ses envies, de son inspiration du moment, lever les yeux et admirer de magnifiques façades se détachant sur un vaste ciel bleu (oui, il fait beau dans le Nord !), déambuler au hasard, savoir se poser sur un banc dans l’un des nombreux jardins en train de se parer des couleurs de l’automne, tout contribue à vous rendre heureux.

Découverte au cours de l’été 2015, la région champenoise, étonnamment si proche de Paris (elle débute à soixante-dix kilomètres de la capitale), m’avait ravi une première fois. La paisible vallée de la Marne, bordée de coteaux verdoyants où les rayons d’un chaud soleil faisaient lentement mûrir les grappes fécondes, l’opulente Épernay et ses riches demeures, la visite étonnante, en petit train, des caves souterraines de la maison Mercier (à ne manquer sous aucun prétexte !) m’avaient laissé un durable souvenir. L’automne installé, je souhaitais à nouveau me repaître de ces beautés, cheminant tranquillement depuis Château-Thierry jusqu’en plein milieu des vignobles, parés cette fois de teintes cuivrées et aux reflets mordorés indéfinissables. Savourer avec des amis le pétillant nectar, un œil en contrebas sur la vallée tranquille, où les dernières écharpes de brume s’évanouissaient sous le soleil de midi, ne peut que rester gravé dans la mémoire.

Les vents automnaux semblaient avoir voulu se calmer provisoirement pour me permettre de profiter pleinement de cette autre ville située à moins de deux heures de Paris, Troyes, autre joyau de la Champagne. Je reste encore aujourd’hui sous le charme de cette cité admirable et si riche en monuments de toutes sortes. Vieilles maisons en briques et colombages, rues étroites au point que parfois les toits se rejoignent, demeures fastueuses, nombreuses églises toutes aussi splendides les unes que les autres et dont certaines recèlent de véritables trésors (comment oublier l’extraordinaire jubé de pierre de l’église Sainte Madeleine, chef d’œuvre de l’Art flamboyant, tout comme ses magnifiques vitraux datant du début du XVIème siècle ?). Le hasard me fit assister le dimanche à la grand-messe, en présence de l’évêque. Mais ce furent surtout les échos d’une musique entendue depuis l’extérieur qui me firent à nouveau pénétrer dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul pourtant visitée la veille. Un orchestre de cuivres et de percussions, accompagné d’un chœur mélodieux, scandaient la cérémonie aux sons d’une musique résolument moderne qui me conquit d’emblée. Comme une signature magistrale avant que je ne quitte cette ville où je reviendrai, c’est sûr. Une musique dont les échos plus qu’étranges résonnent encore à mes oreilles.


Oui, juste une question de distances. Relativiser, rester curieux, sans cesse avide de nouvelles découvertes. Le plaisir des yeux et les émotions qui les accompagnent peuvent parfois se situer à deux pas de chez soi.

Alors, allez, allons…