18692 kilomètres, c’est
la distance qui sépare la petite ville de Longyearbyen (Spitzberg, archipel du
Svalbard) du pôle sud.
Deux mille kilomètres,
c’est environ la distance entre,
par exemple, Paris et Marrakech,
Athènes, Kiev ou Saint-Pétersbourg.
Mais deux cents
kilomètres, plus ou moins, c’est aussi la distance que j’ai parcourue à chaque fois, au cours de
ces derniers mois, partant de Paris pour gagner trois villes ou régions qui
m’ont laissé des
souvenirs au moins aussi prégnants que ceux de mes lointains voyages !
Il ne suffit pas
forcément de faire de grands
trajets pour être conquis par des
paysages ou des villes dignes d’admiration et en être émerveillé.
Lille, où je vécus une dizaine d’année
jadis, poursuivant mes études et démarrant ma vie professionnelle, me conquit
une nouvelle fois. Comme elle mérite bien son nom de « Capitale des
Flandres » ! Tout y est si beau, si flamboyant dans ses vieux
quartiers superbement rénovés. Flâner au gré de ses envies, de son inspiration
du moment, lever les yeux et admirer de magnifiques façades se détachant sur un
vaste ciel bleu (oui, il fait beau dans le Nord !), déambuler au hasard,
savoir se poser sur un banc dans l’un des nombreux jardins en train de se parer
des couleurs de l’automne, tout contribue à vous rendre heureux.
Découverte au cours de
l’été 2015, la région champenoise, étonnamment si proche de Paris (elle débute
à soixante-dix kilomètres de la capitale), m’avait ravi une première fois. La paisible vallée de la
Marne, bordée de coteaux verdoyants où les rayons d’un chaud soleil faisaient
lentement mûrir les grappes fécondes, l’opulente Épernay et ses riches
demeures, la visite étonnante, en petit train, des caves souterraines de la
maison Mercier (à ne manquer sous aucun prétexte !) m’avaient laissé un
durable souvenir. L’automne installé, je souhaitais à nouveau me repaître de
ces beautés, cheminant tranquillement depuis Château-Thierry jusqu’en plein
milieu des vignobles, parés cette fois de teintes cuivrées et aux reflets
mordorés indéfinissables. Savourer avec des amis le pétillant nectar, un œil en
contrebas sur la vallée tranquille, où les dernières écharpes de brume
s’évanouissaient sous le soleil de midi, ne peut que rester gravé dans la
mémoire.
Les vents automnaux
semblaient avoir voulu se calmer provisoirement pour me permettre de profiter pleinement de cette autre ville située à
moins de deux heures de Paris, Troyes, autre joyau de la Champagne. Je reste
encore aujourd’hui sous le charme de cette cité admirable et si riche en monuments de toutes sortes. Vieilles
maisons en briques et colombages, rues étroites au point que parfois les toits
se rejoignent, demeures fastueuses, nombreuses églises toutes aussi splendides
les unes que les autres et dont certaines recèlent de véritables trésors
(comment oublier l’extraordinaire jubé de pierre de l’église Sainte Madeleine,
chef d’œuvre de l’Art flamboyant, tout comme ses magnifiques vitraux datant du
début du XVIème siècle ?). Le hasard me fit assister le dimanche à la
grand-messe, en présence de l’évêque. Mais ce furent surtout les échos d’une
musique entendue depuis l’extérieur qui me firent à nouveau pénétrer dans la
cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul pourtant visitée la veille. Un orchestre
de cuivres et de percussions, accompagné d’un chœur mélodieux, scandaient la
cérémonie aux sons d’une musique résolument moderne qui me conquit d’emblée.
Comme une signature magistrale avant que je ne quitte cette ville où je
reviendrai, c’est sûr. Une musique
dont les échos plus qu’étranges résonnent encore à mes oreilles.
Oui, juste une question
de distances. Relativiser, rester curieux, sans cesse avide de nouvelles
découvertes. Le plaisir des yeux et les émotions qui les accompagnent peuvent
parfois se situer à deux pas de chez soi.
Alors, allez, allons…
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